La transfiguration de Matt Bonin



Le vlogueur donne son opinion; ses fans s'empressent de lui inventer une vie. C'est le public qui a le dernier mot. Il généralise à partir d'une anecdote, annonce son verdict, trébuche en tentant de trier le vrai du faux. À partir de fragments de pixels qu'il assemble, il  complète les informations manquantes pour créer un personnage cohérent.

Dans le cadre son exposition «Viralité et Incan-décences», qui eu lieu à la Galerie 203 en septembre 2014, Mathieu St-Onge traite de la fascination pour les vedettes du web en mettant en scène un Matthieu Bonin vivement sollicité et continuellement transformé par les regards. Amour et cruauté se mêlent chez un public pour qui la star du web devient un objet d'appropriation en droit d'être malmené. 

Pour la première fois, Mathieu St-Onge, Mo Masaya et Dominic Ostiguy expérimentent de façon spontanée la transformation corporelle sur une tierce personne avec de la glaise, de la peinture des costumes et autres matières hétéroclites, en s'inspirant des séances de transfigurations de l'artiste Olivier de Sagazan. Des visages sont imposés à Matthieu Bonin, son corps ne devenant que le réceptacle des projections de son public. Encouragé par la popularité, Bonin devient lui-même le serviteur de ces illusions virtuelles, s'obligeant à se mettre en scène quotidiennement, sacrifiant sa vie privée et scarifiant chaque fois son identité dans le regard de l'autre. 

manipulation: Mo Masaya, Doom Ostiguy, Mathieu St-Onge 
caméra: Gab Joncas, Francis Terry, Dean Brisson 
montage: Mathieu St-Onge 
musique: Crystal Grunt, John Zorn et Dave Lombardo, Skinny Puppy, Anathema.