059 - Troisième élément: l'Air
Du soufflement d'un amoureux au souffle d'une amoureuse. L'air est seul dans le prélude des mouvements. Il est l'occupation avant le touché. Le premier signe d'une forme de vie, la chair soufflée, nos horizons vivants. L'air garde notre sens zéro. Il est partout, forge tout, fait tout battre, fait tout voler par une certaine magie qui rend libre.
L'air dresse la vie dans un champ d'ellipses et de corps stellaires. Nous lui devons la promesse du rare. La beauté sans les milliards. L'air est l'invisible, le dieu physique en qui nous devons croire. La présence forte des naissances aux morts. Impossible à voir, il garde l'espoir de quelque chose de grand. Il est là comme si de rien. Un amour sans main.
Il garde notre dernière expiration. Notre souffle capital. L’air capte, non sans mourir, nos noirs parfums. Nos saletés d'infertiles. Nous avons embelli la folie, expiré des atomes de fous finis. L'air va nous garder avec lui. Pour le meilleur et pour l’ailleurs. Il est de cet impossible, où l’envahir serait de mourir.
C'est lui qui fait ciller l'évanoui pour nous permettre de rêver en mouvements. C'est lui qui garde la poésie lourde des éléments. Le sérieux dans l’apesanteur des endimanchés. L'invisible dans la toxine des accoudés. L'air garde nos cheveux au vent et le froid devant les étoiles tombantes. Il est la présence de la nature dans nos moments trop purs. L'air garde la liberté, reste à savoir comment s'envoler.
Par Sébastien Johnson